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Roland Jaccard :
«Y a t-il des contrées plus répugnantes que sur le visage humain?
Y a t-il des aventures plus sordides que celles que nous sommes tous amenées à vivre? - brièvement, Dieu merci.
Y a t-il des spectacles plus répétitifs, plus absurdes, plus minables que ceux auxquels nous assistons, assoupis, en attendant la fin du monde?
Et nous voudrions que nos enfants - à supposer que nous ayons eu le culot, ou l'inconscience d'en avoir - nous voudrions donc que nos enfants,
connaissent cette même histoire, la répètent encore et toujours.
A titre personnel, je considère la procréation comme un crime, et je pense que s'il y avait un tribunal de Nuremberg civil, les femmes enceintes devraient être les premières à y passer, et à être condamnées à les peines les plus lourdes.
Bref, une extermination planétaire serait pour moi la chose la plus exquise, mais aussi, la plus charitable.
Au moins, je n'aurai pas semé la semence du diable, dans ce cloaque.»
Valentin Laborde :
«A somno mortis pravo,
Omnia mors perimit,
Et nulli miseretur.»
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«Il y a des déserts où les jours se terminent quand il n'y a plus de bois ni d'alcool à brûler.
Il y a les déserts de l'amour où l'amour enterré se regarde lui-même comme l'oeil, Cain.
Il y a les déserts qui trichent comme les hommes qui ne les traversent pas,
Il y a des déserts pleins du luxe de l'amertume,
Aux déserts les mirages et les hallucinations, les pierres, la poussière, le vide et le vent.
Le désert comme la peau est la seule chose qui ne peut mentir.
Il n'y a plus de déserts de silence
Il n'y a plus de déserts d'image
Il n'y a plus de déserts de pensée
Il y a peu de déserts de parole
Il n'y a plus d'absence
il n'y a plus de corps
Il n'y a plus de silence
il n'y a plus de désir
Dans la surdité des vagues, répétitives, assourdissantes.
Ne pas être simplement l'ombre errante qui dévore à l'abri des regards
Un corps debout dans la lumière projette son ombre.
Etre la part du monde qui est invisible a dieu
Etre l'ombre intangible qui fait mentir la lumière
Etre la vérité invisible à l'oeil de dieu.»
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«Si les gens n'espéraient plus en rien et ne
croyaient à rien, ils refuseraient aussitôt de
multiplier leur semence et nos problèmes
seraient résolus en une génération ou deux par le dépeuplement universel. Ce que j'avance là, je ne suis pas le seul à le
prétendre, mais s'il en est qui pensent comme moi, combien l'oseraient-ils l’écrire ou mieux le professer du plus haut d'une chaire, allant jusqu'à le proclamer
à son de trompe ? Et quel gouvernement tolérerait-il un enseignement de cette espèce ? Et quelle religion de semblables homélies ? Ils nous demandent instamment d'espérer et de croire, nous devons
espérer n'importe quoi, pourvu d'espérer quelque chose, nous devons croire et fût-ce ce que nous voulons, pourvu de croire à quelque chose, nous sommes libres de former un choix entre les baliverneries à notre convenance, à charge qu'elles soient stupides. Or, toutes les fins que s'assigne l'espérance et tous les objets que la foi se donne, ont en commun de l'être, d'être stupides à jamais et maintenant, de plus,
impardonnables, car nous ne pouvons rester imbéciles une génération de plus parmi des moyens devenus plus libres que nous-mêmes.
Lorsque les gens seront persuadés que leurs enfants seront plus malheureux que ceux qui les engendrent et leurs petits-enfants plus malheureux encore. Lorsqu'ils seront persuadés qu'il n'est plus de remède en l'univers, que la science ne fera pas de miracles et que le Ciel est aussi vide que leur bourse, que tous les spirituels sont des imposteurs et tous les gouvernants des imbéciles, toutes les religions dépassées, toutes les politiques impuissantes, ils s'abandonneront au désespoir et végéteront dans la mécréance, mais ils mourront stériles.
Or, la stérilisation paraît la forme que le salut prend et sans le désespoir et sans la mécréance, les hommes ne consentiront jamais à devenir stériles, les femmes moins encore. C'est l'optimisme qui nous tue et l'optimisme est le péché par excellence. Le refus d'espérer et le refus de croire entraînent infailliblement le refus d'engendrer, c'est une liaison que l'on s'efforce de nier et même ceux qui voudraient dépeupler le monde, avant qu'il soit trop tard, n'oseront professer cette relation de convenance. Voilà pourquoi nul n'agit sur les causes et déplorât-il les effets qu'elles entraînent et par de fatales conséquences.
Les peuples pauvres n'arrêteront plus de rester pauvres et tous les appels à la charité ne remédieront plus à leur misère, les peuples malheureux sont des abîmes où les secours des peuples nantis s'évaporent. Seul le dépeuplement - et ce n'importe les moyens - les sauverait de l'indigence.
Mais leur orgueil national y met obstacle, il faut encore ménager ces hommes de néant et qui, dans leur délire, estiment qu'ils auraient des droits, malgré leur impuissance. En vérité, ceux qui les encouragent à persévérer dans ces illusions, au nom d'une spiritualité de balle, ajoutent au désordre et leur préparent l'avenir le plus horrible.
Il vaudrait mieux leur enseigner dès maintenant que ceux qui périront de faim seront bouclés dans la famine, et plus tôt qu'on ne pense, la bonne volonté ne suppléant au défaut d'excédents, ni même dans les pays que nous réputons encore riches, je dis encore, parce que leur opulence est à la merci d'une guerre.
Après la guerre, nous serons tous ruinés et nous ne pouvons éviter la guerre, parce que l'ordre, que nous maintenons, achèverait de se dissoudre en une paix mortelle à ses impératifs comme à ses raisons d'être.»
- Albert Caraco
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